« Je ne suis pas malade! »

Comment aider les mineurs, de plus en plus nombreux, qui se questionnent sur leur genre ?  Faut-il autoriser voire rembourser les hormones, les bloqueurs de puberté voire les opérations ?  Le documentaire « Gender Wars », la guerre des genres, diffusé en exclusivité dans « .doc » sur Pickx+ aborde frontalement ce débat brûlant sans offrir de réponse facile.  Après le film, deux camps qui n’ont pas pour habitude de s’asseoir ensemble autour d’une table s’affrontent lors d’un débat entre experts belges.

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© Jouneyman Pictures

En Belgique, 633 personnes ont changé de genre en 2023, un nombre qui augmente chaque année.  Si les transidentités des adultes sont de mieux en mieux acceptées dans notre pays, une question est au cœur d'un des débats les plus passionnés de notre époque : le changement de genre des enfants.  Sur le plateau de Malou Vandercammen : une enseignante et professeur de karaté, un généraliste spécialisé dans les traitements hormonaux, une psychiatre infanto-juvénile et un pédiatre. Les points de vue semblent difficilement réconciliables.

Je ne suis pas malade! Clarisse Locoge: femme transgenre, enseignante en secondaire et prof de karaté

Clarisse Locoge est enseignante dans le secondaire mais aussi présidente de la fédération francophone de karaté, autrice et conférencière. Elle entame sa transition en 2015 et revient enseigner dans la même école.  Un changement qui a été, selon elle, facilement accepté par les élèves, par contre moins pas certains de ses collègues qui auraient même tenté de « jouer avec sa carrière ».  Pour elle, même si la Belgique autorise depuis 2018 le changement de genre à l’état civil sur simple déclaration à la commune, il reste un long chemin à parcourir.   « La dysphorie de genre a été retirée des manuels de psychiatrie comme étant une maladie. Je ne suis pas une personne malade. »  Le Dr Sophie Dechêne, psychiatre infanto-juvénile tient à nuancer : « Non, vous n'êtes pas une personne malade,  la dysphorie de genre a été changée de chapitre, mais elle est quand même dans la classification. A partir du moment où la dysphorie est dans la classification de maladie mentale, pour moi, elle est toujours une pathologie. »

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Ce n’est pas de la transphobie. Dr. Sophie Dechêne, psychiatre infanto-juvénile 

La psychiatre affirme que la dysphorie de genre est réversible et peut donc être « traitée ».  «A partir du moment où on est capable, en soignant, en traitant les facteurs éthiologiques, de réconcilier le jeune avec son sexe de naissance, je trouve que ça vaut la peine d'essayer. »  Consciente que ses propos peuvent choquer, elle se défend: « Ce n'est pas de la transphobie, c'est parce que j'estime qu'en faisant ça, on enlève la souffrance. »

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Ça ne marche pas comme ça, le genre n’est pas un jeu! Clarisse Locoge: femme transgenre, enseignante en secondaire et prof de karaté

Des propos qui font réagir le Dr Maxence Ouafik pour qui c’est une vision trop conventionnelle de la médecine qui ne respecte pas l’autonomie du patient. Pour ce généraliste spécialisé dans les traitements hormonaux des minorités de genre et sexuelles, le rôle principal du médecin n’est pas de « guérir »  mais surtout d’accompagner le patient.  Il reprend cette phrase célèbre dans le monde médical «Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours».  Il met en doute les affirmations de Sophie Dechêne sur la réversibilité de la « dysphorie » de genre.  Une opinion appuyée par Clarisse Locoge : « Si vous imposez un genre à un enfant, ce n’est pas pour autant qu’il appartiendra à ce genre-là.  Ça ne marche pas comme ça, le genre n’est pas un jeu.»

C’est tellement contagieux! C’est une mode. Dr. Sophie Dechêne, psychiatre infanto-juvénile 

La discussion évolue sur l’influence de l’environnement sur le questionnement de genre.  Selon le Dr Dechêne : « Maintenant, c'est tellement contagieux qu'il n'y a plus d'ados qui se disent hétérosexuels, hétéro-normatifs, cisgenres, parce que ce n'est vraiment pas la mode.  Il faut être différent, au minimum non-binaire. »   Un discours qui fait bondir Carisse Locoge qui refuse d’entendre parler de « choix » de la part des jeunes trans.  « Je conçois qu’il peut y avoir un effet queer ou anti-système mais il ne faut pas tomber dans un mauvais populisme. »

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Selon une étude de l’Agence européenne pour les droits fondamentaux 42% des jeunes trans auraient déjà tenté de se suicider.  Comment réagir en tant que parent, mais aussi en tant que médecin ? En Angleterre 5000 enfants ont demandé de changer de genre en 2022, en réaction à ce chiffre les autorités ont désormais interdit de prescrire des bloqueurs de puberté aux mineurs. En Belgique la loi est floue en la matière: si les parents d’un mineur sont d'accord, il n’y a pas de limite d’âge pour qu’un enfant commence à prendre des hormones pour ralentir les effets de sa puberté.  Une réalité difficile à accepter pour le Dr Dourdine-Mak pour qui on manque de recul sur ces traitements qui peuvent avoir selon lui des effets irréversibles: risque d’ostéoporose (maladie qui fragilise les os), insensibilisation des organes génitaux et même stérilité. 

Faux pour le Dr Ouafik qui travaille au quotidien avec les traitements hormonaux « Ce n’est pas parce que les gens ont découvert le sujet depuis 5 ans qu'on ne l'étudie que depuis 5 ans!»  Il rappelle que des hormones sont prescrites depuis les années 80 pour des pubertés précoces et que depuis les années 2000 on les a étendues aux mineurs trans : « Le recul on l’a amplement! Par exemple, l’ostéoporose est réversible et la fertilité revient aussi si on arrête le traitement.»

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Le dernier sujet de l’émission est au cœur de l’actualité à l’occasion des Jeux Olympiques qui ont lieu à Paris cette année. À 21 ans, Halba Diouf est une coureuse française qui rêvait d’y participer mais la Fédération internationale d’athlétisme a pris la décision, il y a quelques mois, d’interdire les compétitions aux femmes transgenres.  L’argument : les femmes transgenres auraient un avantage physique sur les femmes cisgenres.  Selon la coureuse, aucune étude ne le démontre clairement à ce jour.  Un argument partagé par Clarisse Locoge, présidente de la Fédération francophone de karaté, pour qui il s’agit de discrimination. Pour elle, il ne faudrait pas s’intéresser aux genres des personnes mais à leurs taux hormonaux.   «Vous avez des personnes cisgenres qui ont des taux hormonaux masculins ou féminins qui crèvent le plafond. Et c'était le cas de cette coureuse qui n'a même pas gagné non plus sa course. Là, on est encore dans des clichés

Découvrez le documentaire « Gender Wars » et le débat qui suit le 1er mai dans « .doc » sur Pickx+ !

Si vous souhaitez utiliser des extraits de l’émission ou si vous désirez réaliser un article sur la question, rendez-vous directement dans notre kit presse, de nombreuses extraits sont à votre disposition :

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