« J'ai eu peur que le public le fasse gagner »

Découvrez le 5 juin en exclusivité belge, le documentaire « Unstoppable Me » sur la comédienne la plus petite du monde dans « .doc » sur Pickx+. Mesurant moins d’un mètre à cause d’une maladie rare, l’humoriste Tanyalee Davis est une star aux Etats-Unis. Après ce road-movie trash et touchant, des artistes donnent leur point de vue sans concession sur la discrimination dans les médias belges.

^{© Jouneyman Pictures}

Depuis plus de 10 ans, le CSA belge pointe un manque de visibilité des personnes perçues comme issues de la diversité dans la programmation audiovisuelle.  Les chiffres sont édifiants: les personnes en situation de handicap sont la tranche de la population la plus invisibilisée, avec une représentation en dessous de 0,5% en 2021, alors que le handicap concerne 15% de la population.  Cette semaine, Malou Vandercammen reçoit des artistes qui luttent chacun à leur manière pour combattre les préjugés. 

Luc Boland est réalisateur et créateur du « Extraordinary Film Festival » , un événement 100% accessible qui donne une image positive du handicap à l’écran.  Luc est aussi le père du chanteur Lou B, découvert par le grand public dans The Voice en 2021. Lou est aveugle et porteur d’autisme mais son talent de musicien autodidacte le mène jusqu’en demi-finale du télécrochet de la RTBF.  Pourtant à l’époque, ce succès inquiète son père : « J'ai eu peur que le public l'amène jusqu'à la finale et le fasse gagner. » Le papa nous avoue que sur les réseaux sociaux les commentaires devenaient violents de la part des fans d’autres candidats, avec peut-être une plus belle voix, mais moins populaires. « Il y a des gens qui disaient: on n'est pas à Cap 48! »

Sarah Talbi est une créatrice de contenu bruxelloise.  Elle est  née sans bras et réalise avec ses pieds la plupart des tâches quotidiennes. Si la jeune maman peut compter notamment sur le soutien de ses 333 000 abonnés sur Youtube, elle non plus n’est pas à l’abri de la discrimination.  Artiste-peintre, elle raconte un incident survenu en 2020 dans un atelier de dessin à la Maison des Arts de Schaerbeek. « J'ai été refusée du cours! Évidemment, il y avait la peur du handicap. » Sarah insiste mais l'homme refuse à nouveau en prétextant à tort que les locaux sont inadaptés. L’artiste signale alors les faits à l'institution UNIA. « Dans ces cas-là c'est la justice qui prend le relais. Et la discrimination a été avérée. » L’ASBL communale s’excuse mais autorise le professeur à continuer ses cours.  La justice par contre le condamne à verser 1700 euros à Sarah.

Sarina est chanteuse, autrice et compositrice.  A 16 ans déjà, elle participe à la finale nationale de l'Eurovision en 2011.  Aujourd’hui, après avoir sorti deux albums, l’artiste aveugle crée un spectacle qui combine musique et stand-up dans lequel elle exprime sa crainte d’être réduite à sa cécité.   Si elle explique qu’elle ne croit pas avoir été discriminée à cause de son handicap dans son métier, elle aussi confie avoir fait face à des commentaires injurieux sur internet.  « Et puis après, il y avait une petite parenthèse: je me permets parce que de toute façon, je sais qu'elle ne lira pas mes commentaires. » Mais la jeune trentenaire prend un malin plaisir à corriger ce qu’elle considère comme de l’ignorance : « Je répondais à chaque fois avec un petit smiley: mais si, je lis tout! »

Bwanga Pilipili est actrice, interprète et autrice. D’origine congolaise, elle a reçu en 2021 le Golden Africa Award d'honneur pour sa carrière en théâtre et cinéma. « Est-ce qu’être une femme noire dans mon métier est un handicap?  Je dirais que ça dépend pour qui… » Mais elle rappelle que les chiffres du CSA montrent une triste réalité. « J’entends tout le temps, au niveau des rôles et de la représentativité, que la société n’est pas prête. C'est pas la société qui n'est pas prête, c'est les gens qui décident qui ne le sont pas! » Elle ajoute que les décideurs sont souvent des hommes blancs âgés, de bonne famille et en bonne santé.

En Belgique une loi condamne pénalement la discrimination et l’incitation à la haîne.  Même si Luc conclut en précisant que les attaques contre Lou restent rares, il raconte un incident extrêmement violent qui l’a conduit au tribunal.  En 2014, il lit un commentaire à propos de son fils sur les réseaux sociaux: « Dommage qu'Hitler n'ait pas fini son travail d’éliminer toutes les personnes handicapées. » Luc s’adresse à la police qui fait une descente chez les auteurs à 6h du matin. « C'était deux petits jeunes de 16 ans d'un beau quartier qui ont voulu faire les malins. Mais ils l'ont payé très cher parce que tous les ordinateurs de la famille ont été saisis. » Malgré tout, le réalisateur prend l’événement avec philosophie. « Ils ont finalement rencontré Lou et tout s'est très bien terminé. »

Découvrez le documentaire « Unstoppable Me » et le débat qui suit le 5 juin dans « .doc » sur Pickx+ !

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