E-cigarettes: « Dire que le tabac détruit la santé, c'est faux! »

Le 6 novembre dans « .doc », découvrez les secrets de la cigarette électronique avec le documentaire choc “Vape Haze”, sur Pickx+. Alors que la vape est présentée comme une solution miracle pour arrêter de fumer, elle attire de plus en plus d'adolescents qui deviennent dépendants à la nicotine, sans même avoir touché au tabac. Après le film, des experts décryptent l’avenir du vapotage, alors que la législation belge s'apprête à changer.

vapehaze.JPG
  • JPG
vapehaze.JPG

© Jouneyman Pictures

L’histoire de la cigarette électronique remonte à 2003, lorsque « un pharmacien chinois l’a inventée pour son père atteint d’un cancer des poumons, » explique Anna Argento, psychologue spécialisée dans les addictions et coordinatrice à la Fondation contre le cancer. Ce père souffrait beaucoup, et son fils a voulu alléger ses douleurs. « Il l’a accompagné vers le décès, » ajoute-t-elle. Entre 2003 et 2010, les grandes entreprises de tabac ignoraient cette invention. Mais à partir de 2011, la situation change. « En 2017, les trois quarts des industries du tabac ont racheté des entreprises de cigarettes électroniques, » précise Anna. Ce rapprochement suscite des inquiétudes, d’autant que certains accusent ces entreprises de cibler les jeunes grâce à un marketing très efficace.

C'est un pharmacien chinois en 2003 qui a inventé ça pour son papa. Anna Argento - Psychologue spécialisée dans les addictions - Coordinatrice à la Fondation contre le cancer 
DOC_VAPE_HAZE_EXTRAIT_PRESSE_2_INVENTION.mp4

Le vapotage est souvent perçu comme inoffensif, mais il présente des risques bien réels, notamment pour les jeunes. « On y retrouve de la nicotine, souvent synthétique, inodore, incolore, insipide. Mais ce n'est pas sans danger pour autant », explique.  Le problème majeur, selon la psychologue, est que les jeunes ne sont même pas conscients de la présence de nicotine synthétique dans ces produits. « Ils ne sentent même pas qu'ils sont en train de développer une dépendance », ajoute-t-elle, soulignant que cette forme de nicotine, fabriquée en laboratoire, renforce les arômes et rend le vapotage plus attractif.  En Australie, une étude montre d'ailleurs que les adolescents qui ont déjà vapoté sont cinq fois plus susceptibles de commencer à fumer des cigarettes traditionnelles.

Ils ne sentent même pas qu'ils sont en train de développer une dépendance à la nicotine. Anna Argento - Psychologue spécialisée dans les addictions - Coordinatrice de la Fondation contre le cancer
DOC_VAPE_HAZE_EXTRAIT_PRESSE_1_NICOTINE.mp4

À partir de 2025, la Belgique interdira l'étalage des produits de vapotage dans les vitrines de tous les magasins, y compris ceux spécialisés. Cette mesure, qui inquiète la Fédération Belge des vendeurs et distributeurs de produits de vapotage, marquera un tournant dans la régulation du secteur. À partir de 2025, la législation belge va interdire également les cigarettes électroniques jetables mais aussi le vapotage dans des lieux de plein air, comme les parcs d'attractions, explique Félix Rijkers, président de la fédération Vapebel.  Faut-il étendre les interdictions de vente et de vapotage dans les mêmes espaces que le tabac?  La question fait débat. Antoine Boucher, chargé de communication et formateur au sein de l'ASBL Infor-Drogues & Addictions, se montre réservé. « Ce n'est pas facile de répondre à ça », dit-il, en rappelant les raisons de l’interdiction du tabac dans les lieux publics. « Le tabagisme passif était toxique pour le personnel des restaurants, par exemple. Mais, si on suit cette logique, pourquoi interdire un produit qui ne fait que de la vapeur, sauf à démontrer que la vapeur est aussi nocive ? » Antoine souligne qu’il semble y avoir une volonté de copier les mesures prises contre le tabac, sans toujours apporter de justifications claires de leur utilité.

Pourquoi interdire un produit qui ne fait que de la vapeur?  Antoine Boucher - Chargé de communication et formateur au sein - ASBL Infor Drogues & Addictions 
DOC_VAPE_HAZE_EXTRAIT_PRESSE_3_INTERDIRE.mp4

Si les risques du tabac pour la santé physique sont largement documentés, Antoine Boucher, chargé de communication et formateur à l'ASBL Infor-Drogues, rappelle que l’impact social du tabac est souvent négligé. «Il ne faut pas oublier que la santé, ce n'est absolument pas l'absence de maladie. Ça fait plus de 70 ans qu'on sait que la santé, c'est un bien-être physique, psychique et social. Et dans notre représentation occidentale de la santé, on oublie le social. » Pour Antoine, le tabac joue un rôle essentiel dans les relations sociales de certains fumeurs. « Dire que le tabac détruit la santé, c'est faux, c'est archi faux. Ça amène des maladies, ça, c'est tout à fait vrai. Mais ma santé sociale, pour moi, fumeur, je fume parce que ma santé sociale va en dépendre », précise-t-il, tout en soulignant que cela ne signifie pas que tout le monde devrait fumer.  Cette dimension sociale du tabagisme, bien que rarement prise en compte dans les débats sur la santé publique, est cruciale. Le tabac, au-delà de ses effets néfastes sur le corps, représente pour beaucoup une manière de renforcer leurs liens avec les autres et de se sentir intégré à un groupe.

Dire que le tabac détruit la santé, c'est faux!  Antoine Boucher - Chargé de communication et formateur au sein - ASBL Infor Drogues & Addictions 

Alors que la législation belge prévoit de nouvelles restrictions sur le vapotage, le secteur met en garde. Selon Félix Rijkers, président de la Fédération Belge des vendeurs et distributeurs de produits de vapotage, « le vapotage est moins nocif que le tabac, ce n’est donc pas normal qu’il soit plus difficile à acheter pour un client ». Il rappelle que le secteur représente 300 points de vente et 700 emplois, ajoutant que les magasins spécialisés offrent de précieux conseils aux adultes souhaitant arrêter de fumer. La fédération souhaite donc maintenir la possibilité de présenter leurs produits en vitrine. Antoine Boucher, chargé de communication à l'ASBL Infor-Drogues, met en garde contre les conséquences d'une interdiction stricte. « Tout interdit va systématiquement apporter des produits illégaux à la place des produits légaux et donc dégrader les problèmes de santé publique », explique-t-il. Selon lui, l'État devra investir des ressources considérables pour appliquer ces mesures, faute de quoi elles risquent d'être inefficaces. Antoine souligne que même pour des produits comme le tabac ou l'alcool, où des restrictions existent déjà, les contrôles sont insuffisants. « Il y a trois contrôleurs, je pense, pour l'ensemble des points de vente bruxellois », indique-t-il, ajoutant que sans un suivi rigoureux, ces interdictions risquent de n’être que symboliques. Pire encore, elles pourraient pousser les jeunes vers des produits de mauvaise qualité, disponibles sur le marché noir, ce qui aggraverait les problèmes de santé publique.

Il y a trois contrôleurs pour l'ensemble des points de vente bruxellois.  Antoine Boucher - Chargé de communication et formateur au sein - ASBL Infor Drogues & Addictions 

Découvrez le documentaire « Vape Haze» et le débat qui suit le 6 novembre dans « .doc » sur Pickx+ !


À propos

Qu’est-ce Pickx+?

  • Films primés et rencontres sportives, séries , talk-shows, concerts et magazines
  • Co-productions nationales et internationales
  • En direct ou en différé, soyez toujours au premier rang !

Recevoir nos exclusivités

Journaliste ou créateur de contenu ?
Inscrivez-vous pour recevoir nos exclusivités.

Demandez votre accès exclusif

Receive Pickx+ news on your RSS reader.

Or subscribe through Atom URL manually