Ce 4 décembre dans « .doc », une enquête inédite en Belgique sur les enfants stars des réseaux sociaux. Prédateurs en ligne, course aux likes, exploitation commerciale: une réalité sombre se cache parfois derrière les sourires. Comment protéger ces enfants surexposés? Après le film, la chaîne Pickx+ donne la parole à des experts belges mais aussi aux premiers concernés!
Beverley, suivie par plus de 25 000 abonnés sur Instagram, est une influenceuse qui partage des moments de vie avec sa fille. Ancienne employée dans le textile, elle explique que la pandémie de Covid a transformé ses priorités : « Je me suis rendu compte que je passais pas assez de temps avec ma fille. » Le confinement a éveillé en elle l’envie de capturer et partager ces instants précieux, mêlant amour pour la photographie et complicité mère-fille. Ce projet a rapidement pris de l’ampleur, des marques ayant commencé à lui proposer des collaborations : « On a commencé avec une marque, deux marques... Je me suis dit: pourquoi terminer de travailler à 18h30? » . Aujourd’hui, Beverley a fait des réseaux sociaux une véritable activité professionnelle, qu’elle trouve exigeante mais épanouissante : « C'est un vrai métier, contrairement à ce qu'on pourrait croire, qui prend énormément de temps… mais j’aime ce que je fais. »
On a commencé avec une marque, deux marques... Je me suis dit: pourquoi terminer de travailler à 18h30?Beverley, influenceuse
En Belgique, le phénomène des enfants influenceurs pose des questions juridiques importantes, car ces jeunes créateurs de contenu rémunérés ne bénéficient pas de la même protection que les autres travailleurs. Sylvie Anzalone, porte-parole de l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE), souligne que ce manque de protection pourrait exposer les enfants à des situations d'exploitation. « On est un petit peu en retard par rapport à nos voisins français. » explique-t-elle, en faisant allusion au vide juridique qui existe autour de cette nouvelle forme de travail pour les mineurs. En effet, en Belgique, si des lois encadrent déjà des activités artistiques par exemple, il n’existe aucune réglementation spécifique pour les enfants influenceurs. « Il y a des choses qui sont prévues pour le mannequinat, les artistes, les petits chanteurs, par exemple, mais pas pour les enfants influenceurs, » précise Sylvie. Ce manque de cadre légal rend difficile la protection des horaires et de la rémunération. Malgré tout, des protections indirectes existent: le Code civil attribue la responsabilité de l’enfant aux parents, et la Convention internationale des droits de l’enfant fournit aussi des principes directeurs en matière de sécurité numérique.
Il y a des choses qui sont prévues pour le mannequinat, les artistes, les petits chanteurs, par exemple, mais pas pour les enfants influenceurs.Sylvie Anzalone, porte-parole de l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE)
Kiara, jeune influenceuse belge de 13 ans, a une histoire inspirante et singulière. À la suite d’un cancer, elle a perdu une jambe et s’est lancée sur les réseaux sociaux pour sensibiliser et récolter des fonds destinés à l’achat de prothèses, dont le coût est très élevé. Pour Sarah, qui accompagne sa fille dans cette aventure numérique, la protection et le consentement de Kiara sont primordiaux. Elle explique : « Moi, je demande l'avis de Kiara. Donc, si elle n’a pas envie, on refuse. » Kiara, malgré son jeune âge, est très consciente de ces enjeux et de la nécessité de préserver une certaine intimité. « Moi, je trouve qu’il doit y avoir un juste milieu. Surtout si l'enfant est encore petit pour décider vraiment ce qu'il a envie de faire. » En matière d’intimité, Kiara a des limites très claires, notamment lorsqu’il s’agit de montrer certaines parties de son corps. « Je sais que Kiara, il y a certaines choses qu'elle n'a pas envie de montrer, comme par exemple son moignon. Elle dit que c'est quelque chose de privé, » confie Sarah. La jeune influenceuse partage ce sentiment : « C'est une partie intime chez moi. Il y a des choses comme ça que je n'ai pas envie de montrer... J’ai aussi ma vie privée. »
Moi, je trouve qu’il doit y avoir un juste milieu. Surtout si l'enfant est encore petit pour décider vraiment ce qu'il a envie de faireKiara, influenceuse belge de 13 ans
Le phénomène du partage de photos d’enfants par leurs propres parents sur les réseaux sociaux prend une ampleur préoccupante. Aujourd’hui, 50 % des images échangées par des pédophiles auraient été initialement publiées par les parents eux-mêmes. Aucune génération n’avait encore dû faire face à un tel phénomène. En moyenne, un enfant de moins de 13 ans a déjà accumulé 1 300 photos et vidéos en ligne, souvent partagées par un parent ou un proche. Ces images, une fois diffusées, risquent de les suivre toute leur vie. Julien Latinis, directeur de l’agence de marketing d’influence Efluenz, souligne également les implications des conditions d’utilisation souvent négligées sur les réseaux sociaux : « Si demain Meta veut prendre votre photo avec votre enfant et la mettre en grand sur Times Square pour faire la publicité de Facebook, il a le droit. »
Nadège Bastiaenen, directrice du département prévention & développement chez Child Focus, constate une hausse inquiétante des problèmes de sécurité en ligne. Pour y répondre, Child Focus a mis en place des ateliers d’éducation aux médias dans une centaine d’écoles. « Un enfant en Belgique a le droit à la vie privée, et le fait de prendre une photo de lui ne signifie pas qu’il consent à ce qu’elle soit publiée ou partagée. » explique Nadège Bastiaenen. Selon elle, il est essentiel d’établir une distinction entre trois étapes : la prise de la photo, sa publication et son partage. Ces étapes nécessitent toutes un consentement, ce que les enfants, tout comme leurs parents, doivent apprendre à respecter.
Les réseaux sociaux, de leur côté, participent à la sexualisation des jeunes en favorisant les contenus suggestifs grâce à leurs algorithmes. Ils incitent également les enfants à chercher constamment des « likes » et de la validation externe, ce qui peut fragiliser leur construction psychologique. Les “kidfluencers”, enfants devenus influenceurs, se retrouvent ainsi particulièrement exposés aux critiques et au cyberharcèlement. Nadège Bastiaenen souligne l’importance de sensibiliser les parents à leur rôle dans la protection de la vie privée de leurs enfants : « Si l'adulte n'est pas le garant de ce respect de la vie privée, comment l'enfant pourra-t-il, en tant que futur utilisateur des réseaux sociaux, respecter son propre droit à la vie privée et celui des autres ? »
Découvrez le documentaire « Kidfluencers » et le débat qui suit le 4 décembre dans « .doc » sur Pickx+ !
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